Mgr Robert Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc aux Pays-Bas, a publié un commentaire sur le Motu proprio Traditionis Custodes. Jeanne Smits nous en livre la traduction sur son site. Extraits :
Le langage utilisé [dans le motu proprio du pape François] ressemble décidément beaucoup à une déclaration de guerre. Tous les papes depuis Paul VI ont toujours laissé des ouvertures pour l’ancienne messe. Si des modifications ont été apportées, elles étaient mineures : voir par exemple les indults de 1984 et 1989. Jean-Paul II croyait fermement que les évêques devaient être généreux quant à l’autorisation de la messe tridentine. Benoît XVI a même ouvert la porte en grand avec Summorum Pontificum : “Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste sacré pour nous.”
[…]Cette déclaration contient un certain nombre d’erreurs factuelles. L’une d’elles est l’affirmation selon laquelle ce que Paul VI a fait après Vatican II serait identique à ce que Pie V a fait après Trente. C’est complètement faux.
[…]Le concile de Trente avait pour but de restaurer les liturgies, éliminer les inexactitudes et vérifier l’orthodoxie. Trente ne s’occupait pas de réécrire la liturgie, ni de faire de nouveaux ajouts, de nouvelles prières eucharistiques, un nouveau lectionnaire ou un nouveau calendrier. Il s’agissait simplement d’assurer une continuité organique ininterrompue. Le missel de 1517 est revenu au missel de 1474 et ainsi de suite jusqu’au 4ème siècle. Il y a eu une continuité à partir du 4ème siècle.
[…]On ne retrouve que 17 % des prières de l’ancien missel (Trente) dans le nouveau missel (Paul VI). Il est difficile de parler de la continuité d’un développement organique. Benoît XVI l’a reconnu et, pour cette raison, a donné une large place à l’ancienne messe. Il a même dit que personne n’avait besoin de sa permission (“Ce qui était sacré alors, l’est toujours aujourd’hui”).
[…]Le pape doit être le gardien de la tradition, et non le gardien de la prison. Alors qu’Amoris Laetitia excellait dans le flou, Traditionis Custodes est une déclaration de guerre parfaitement claire.
+ Rob Mutsaerts, évêque auxiliaire